Incident On and Off A Mountain Road (La survivante) - Don Coscarelli
Ellen est distraite et a un accident d'auto sur une route de montagne. Elle
est rapidement aux prises avec un tueur dément. Dans une série de
flashbacks, on apprend son mariage à un adepte survivaliste, qui l'a
entraînée aux arts de combat, ce qui l'aidera à se défendre des
attaques répétées du monstre. N'empêche, elle se retrouve dans l'antre
du maniaque muet, attachée près de cadavres et d'un vieux trop bavard...
Après un générique sanglant mais somme toute sobre, Don Coscarelli nous
entraîne dans une histoire aux retournements nombreux, baignant dans
une atmosphère macabre à souhait. Les maquillages de Berger et Nicotero
ne font pas dans la dentelle et la perceuse qui s'approche de l'oeil
nous rappelle un Fulci dément. Un début fort réussit pour une série
télévisée qui promet ! Mario Giguère
Dreams in the Witch House (Le chauchemar de la soecière) - Stuart Gordon, 2005
Un étudiant en physique se trouve une chambre à louer à prix modique dans
une maison tri-centenaire. Rapidement, un voisin lui demande de se
méfier du rat à face humaine. Surprit par l'architecture spéciale de sa
pièce, il commence à faire d'affreux cauchemars ou il rencontre le rat
et la sorcière, des rêves saisissants dont il se réveille à des
endroits différents desquels il s'est endormi. Après s'être retrouvé
devant le nécronomicon, il est persuadé que la sorcière voyage dans
l'espace-temps et l'a choisit pour tuer le bébé de sa voisine de
palier...
Stuart Gordon poursuit ses adaptations de H.P. Lovecraft avec succès. Cette nouvelle si spéciale et très courte a été merveilleusement adaptée au mode contemporain, avec des moments chocs.
L'atmosphère est lourde, les effets spéciaux efficaces et l'ambiance
morbide. Gordon réussit à terminer de manière intéressante pour qui a
lut la nouvelle. la série Masters of Horror livre encore la marchandise. Chapeau. Mario Giguère
Dance of the Dead (La danse des morts) - Tobe Hooper, 2005
Une fête d'enfants est dérangée par une pluie très spéciale qui mutile et
tue ceux qui y sont exposés. Dix ans plus tard, dans une Amérique
dévastée, Peggy, une jeune serveuse de restaurant, est attirée par un
jeune voyou, Jak, au travail louche qui l'attire en voiture vers un
lieu de perdition au spectacle hors du commun: la danse des morts.
Adaptation d'une nouvelle de Richard Matheson, par son fils, l'épisode met en
vedette Robert Englund, alias Freddy Krueger, en maître de cérémonie du
cabaret trash. On y retrouve l'atmosphère folle de la poursuite en
voiture de TEXAS CHAINSAW MASSACRE 2, tout en excès, empilant les actes
sordides et les personnages crados. Tout tourne autour de cette danse
des morts et notre Alice au pays des atrocités: va-t-elle se laisser
séduire jusqu'au bout ? Hooper en rajoute tant et tant que l'effet
n'est pas certain, les effets vidéos de montage tiennent plus du
gimmick que de la virtuosité au service du récit. N'empêche que le
voyage en vaut la chandelle et que malgré un emballage limite
dégoûtant, on arrive à un final qui n'est pas vraiment nouveau.
Rarement on aura vu autant de nudité et d'actes malsains en une heure de télé. Mario Giguère
JENIFER (Jennifer) - Dario Argento, 2005
Un policier, Frank, tue un homme qui allait massacrer une jeune femme qui
n'a pour toute identité qu'un prénom: Jenifer. Coupé à la main par la
femme traumatisée, Frank est surprit de voir celle-ci lui lécher la
plaie. On aperçoit furtivement une partie de son visage, un oeil trop
grand et complètement noir. Frank, traumatisé par son premier "meurtre
légitime en devoir" et par le visage de Jenifer, ne peut retrouver la
paix sans la revoir. Il la sort de l'hôpital ou elle a été placée et
l'amène à la maison avec des conséquences catastrophiques...
Dario Argento a choisit pour histoire une bande dessinée de Bruce Jones et
Bernie Wrightson parut dans un numéro de Creepy. Qu'est-ce qui a pu
attirer le maestro italien vers cette histoire si singulière ? Je
suggère le voyeurisme, thème omniprésent chez l'auteur, voir OPERA.
Argento affirmait vouloir "piéger le spectateur dans son désir" en
prenant Eva Robbins, en fait un homme en cours de transformation, comme
objet de désir dans le film TENEBRAE. Ici Jenifer, au corps désirable
mais au visage, que l'on découvre tranquillement, monstrueux, est une
lointaine cousine du monstre de PHENOMENA. Pourquoi Frank reste-t-il
avec elle tout au long de ce long calvaire ? il y a cette cicatrice,
léchée par Jenifer, qui semble être l'explication, une explication
virale, comme dans un cauchemar de David Cronenbreg. Il n'y a
effectivement que le film LA MOUCHE de Cronenberg qui se rapproche du
désir insensé, de cet amour contre nature, mais qui est ici consommé
régulièrement. On devine aisément que le film se terminera en boucle, peu original mais inévitable.
Il faut dire que ce quatrième épisode de la série macabre confirme le parti pris de la fin ou le mal
n'est pas détruit. Exit le classicisme essentiellement de droite, la
destruction, souvent par le feu, du mal, de l'étranger qui bouscule
l'ordre établi. Ici le mal subsiste ou la victime devient le prédateur et continue de répandre le chaos.
Comme dans toute l'oeuvre d'Argento, plus visiblement ces dernières années, Argento envoie ses
clins d'oeil aux fans: la mouche dans l'auto: PHENOMENA, l'errance du
protagoniste en mal d'amour: TRAUMA, le générique VOUS VENEZ DE VOIR
JENNIFER DE DARIO ARGENTO. La caméra, dans un budget et un temps de
tournage nécessairement plus restreint qu'un long métrage, va
privilégier les plongées. La musique de Simonetti nous balance une
contine enfantine, mais leurre plus souvent du côté de Bernard Hermann.
On en sort troublé, on a été choqué. Argento nous a présenté un troublant
cauchemar, un film onirique à la fois fascinant et répugnant. Merci. Mario Giguère
Chocolate (Chocolat) - Mick Garris avec Henry Thomas, Lucie Laurier, 2005
Jamie (Henry Thomas alias le copain d'E.T.) est un créateur de saveurs
artificielles pour l'industrie alimentaire. Un beau jour il a un goût
de chocolat dans la bouche provenant de nulle part. Durant un concert
rock il n'entend plus qu'une musique classique et au volant de sa
voiture il ne voit plus la route mais un appartement avec un homme qui
s'apprête à... faire monsieur dans madame, car notre homme ressent et
perçoit les sens d'une femme (Lucie Laurier). Amoureux fou, mais témoin
d'un acte brutal, il part à la recherche de "la plus belle femme qu'il
ait jamais vue"...
Malheureusement le tout est raconté en flashback, car on débute avec Jamie, ensanglanté qui explique à nouveau ce qui s'est passé, probablement à un inspecteur de police. Exit les
surprises dans un scénario qui est prévisible dans son ensemble. On
termine en se disant: c'est tout ? Ah bon... Difficile et embêtant pour
Henry Thomas de jouer la femme qui jouie, malaisé pour Lucie Laurier
d'être étiquetée la plus belle femme au monde. Il y a peut-être une bonne histoire à tirer du sujet, mais Chocolate nage dans le déjà-vu et ne se rachète pas par sa réalisation, également convenue. Mario Giguère
Homecoming ( Vote ou creve) - Joe Dante
États Unis, en pleine période électorale un consultant politique (Jon Tenney)
en entrevue a un blanc et déclare souhaiter qu'un soldat décédé en
devoir puisse revenir voir sa mère. Pendant qu'il entame une relation
avec une républicaine acharnée (Thea Gill), les cercueils de retour
d'Irak rejettent des zombies qui n'ont qu'une idée en tête: aller voter
pour renverser l'administration qui les a envoyés se battre sous de
faux prétextes. L'équipe de campagne républicaine essaie en vain de récupérer la situation au profit du président.
Raconté en flash-back, la satire politique mordante frappe la cible à tellement de
reprises qu'on la croirait écrite par George Romero. C'est pourtant Sam
Hamm, plus connu pour ses scénarios de Batman, qui adapte une nouvelle
mordante et la colle à l'actualité. Thea Gill me semblait trop
caricaturale jusqu'à ce que je reconnaisse la parodie d'Ann Coulter,
une blonde incendiaire républicaine à peine moins odieuse que sa
version présentée. Les flèches à l'endroit de l'administration Bush
sont constantes et méritées et les zombies touchent la population, émue
de revoir ses fils morts au combat. Surprenant de voir les zombies
parler, mais la parole est nécessaire et pas omniprésente, pour passer
clairement le message. Dante frappe fort et juste, dans un mélange de comédie noire et de drame touchant.
Ceux qui croient encore à la présence d'armes de destruction massive en Irak ou qui n'aiment pas les
messages politiques dans leur horreur n'apprécieront pas. Dante voulait
redonner au genre sa capacité de dénoncer le climat et le pouvoir
corrompu comme il était courant de le voir dans les années 70. Mission réussie. Mario Giguère
Deer Woman (La belle et la bete) - John Landis
Un inspecteur de police coincé aux cas d'animaux suite à une bavure
policière est demandé sur place lorsqu'un chauffeur de camion semble...
avoir été réduit en charpie par quelquechose qui a pu défoncer la porte
et la replacer et laisser des empreintes sur le corps... empreintes de
chevreuil. On lui retire l'enquête, mais les morts s'accumulent et avec
l'aide d'un autre policier, il mène ses recherches se concentrant sur
une mystérieuse jolie femme (Cinthia Moura), la dernière à avoir rencontré toutes les victimes.
Sur un postulat invraisemblable basé sur une créature mythique amérindienne, John Landis revisite les
plates-bandes de son film phare AN AMERICAN WEREWOLF IN LONDON.
D'ailleurs l'inspecteur ramène le cas d'une nouvelle espèce inconnue de
loup qui a fait des ravages à Londres en 1981 ! Co-scénarisé par son
fils, Deer Woman mélange avec bonheur humour, horreur et sexe, renouant
avec le succès passé, rejoignant les approches de la série avec son
personnage masculin séparé de sa femme et la nudité féminine
obligatoire. Du bon Landis qu'il fait bon revoir en forme. Mario Giguère
Cigarette Burns (La fin absolue du monde) - John Carpenter
L'expression attisait ma curiosité, en fait les "brûlures de cigarettes" sont le nom
donné aux points de changements de bobines, les cercles, parfois
imprimés, jadis poinçonnées qui annonçaient au projectioniste le
changement de bobine, changement manuel à l'époque. Kirby Sweetman est
propriétaire de cinéma acculé à la faillite par son ex beau-père. Il
reçoit une offre qu'il ne peut refuser: retrouver la seule copie
existante d'un film maudit: LA FIN ABSOLUE DU MONDE. Projeté une seule
fois, au festival de Sitges en 1971, provocant une émeute qui a fait
blessés et morts chez les spectateurs. La copie a été détruite, mais un
collectionneur (le toujours impressionnant Udo Kier) sait qu'il existe
encore au moins une copie et met Kirby sur sa piste. Dès que Kirby,
perpétuellement traumatisé par la mort de sa fiancée, se rapproche du
film, il commence à avoir des visions qui démarrent par une "cigarette
burn".
La recherche de l'objet maudit, l'objet qui rend fou et
meurtrier ceux qui s'en approchent, voilà des thèmes qui ne sont pas à
priori nouveau, que l'on pense à THE NINGHT GATE de Polanski ou RING de
Nakata. De plus le scénario avance très rapidement, question temps et
espace, vers le visionnement mythique. Et puis on embarque, dans une
histoire macabre, violente et sadique, aux effets chocs surprenants.
Carpenter fait directement allusion à Dario Argento, le cinéma dans
lequel tout commence projetant PROFONDO ROSSO et les dialogues
rappellent les visionnements d'Argento et Fulci de la belle époque en
évocant la question que l'on se posait en salle: jusqu'ou vont-il aller
? Carpenter va loin et arrive à choquer, Berger et Nicotero offrant des
effets saisissants. S'il offre de la nudité féminine obligatoire, il
n'y a rien d'érotique dans ces passages. On passera sous silence le
noeud de l'intrigue, une trouvaille qui campe l'exercice autant dans
l'horreur totale que dans une certaine poésie macabre.
On souligne la musique de Cody Carpenter, fils du John qui offre une
partition efficace rappelant les bons moments des premières oeuvres du
paternel. Il est étonnant qu'avec un budget et un temps de tournage
restreint, mais une absence de censure (malgré que de la nudité
frontale masculine ait été coupée de l'épisode d'Argento), on réussisse
à faire de véritables bonnes histoires d'horreur comme on en voit plus
souvent. Cigarette Burns marque le retour en grande forme de John
Carpenter et n'est rien de moins qu'un film qu vise en plein la cible.
Ca fait du bien !
On peut se promener dans l'univers de Cigarette Burns dans le magnifique site officiel de Carpenter:
www.theofficialjohncarpenter.com Mario Giguère
Fair Haired Child (La cave) - William Malone
Une jeune fille timide se fait frapper par une camionnette et le conducteur
la kidnappe au son d'une musique classique. Elle se réveille très loin
de chez elle et subit un drôle d'interrogatoire d'un infirmière
singulière (Lori Petty). Jetée dans la cave de l'immeuble, elle se
retrouve avec un garçon muet au passé trouble...
William Malone a réalisé FEARDOTCOM et de nombreux épisodes de séries télé d'horreur,
mais pour la série MAÎTRES DE L'HORREUR, sa présence est curieuse.
Comme dans FEARDOTCOM, on accumule les effets de mise en scène,
surchargeant la forme et nuisant à une quelconque montée dramatique,
inexistante, tout étant hystérique. Le scénario de base est au final
rien de bien nouveau. On aurait cru que les scénarios seraient adaptés
de nouvelles bien ficelées, mais ici, comme ailleurs, Malone travaille
avec un matériel prévisible. Et que dire du premier plan: une grosse
pleine lune, le cliché des clichés, inexcusable sauf pour nous mettre
sur une fausse piste. Les trous du scénario sont immenses. Bref, de la
poudre aux yeux. Mario Giguère